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RIM

Un chaos total! Attachez vos ceintures, ca va faire mal!

26 octobre 2008

Ce qui va suivre fera mal, très mal. Mais ne vous méprenez pas. Je n’aime pas jouer aux Cassandre, mais vaut mieux y aller à fond! Même tous les superlatifs qui inondent la une de nos médias sont loin de refléter exactement ce qui se passe. La boucle est bouclée : la crise financière répand ses métastases à la grandeur de la planète et affecte maintenant tous les organes économiques, y compris la base industrielle. Il n’est même plus question de récession mais de menace de stagnation et de dépression.

Hier, à 14h 15, au moment d’écrire ces lignes,  la dette publique américaine, selon les propres chiffres du Trésor, s’élevait à 10,5 trillions de dollars*, soit plus de dix mille milliards. Par contre au début du mois, la dette atteignait 10,1 trillions de dollars. Puisqu’il reste encore une semaine en octobre, la dette augmente de 500 milliards par mois. Si la tendance se maintenait, en un an la dette se gonflerait à plus de 16 trillions de dollars. Quant au budget, le déficit de la dernière année est de 455 milliards et pourrait atteindre le cap inimaginable du trillion à la fin de l’année financière en cours qui se termine le 30 septembre 2009. Or tout indique que ces projections ne sont pas irréalistes. Voilà pour le hors d’œuvre.

Dans les paragraphes qui vont suivre je vais tenter d’expliquer le plus clairement possible les tenants et aboutissants de cette crise. Je vais utiliser la méthode du lancer frappé dans le filet parce qu’il serait trop long d’en faire une analyse exhaustive. Toutefois, chacun des aspects est documenté et je vous invite à m’écrire de façon à ce que je puisse vous fournir toutes les références nécessaires, y compris des dossiers. Je pourrai vous diriger vers des sites Internet très crédibles, spécialisés en économie. Cependant la plupart sont en langue anglaise. Il y a plus de vingt ans que j’observe l’économie et le système financier; des milliers d’heures de lectures. Et je suis choqué! Les feux rouges signalaient un dérapage depuis des années, d’autres clignotaient devant l’urgence. Le déni des politiciens, de l’élite financière et des médias à leurs services a dominé, souvent avec moquerie ou complaisance. L’économiste en chef de Morgan Stanley, Stephan Roach, a parlé d’un Armageddon financier il y a quatre ans. Ses propres confrères le contredisaient à mots couverts dans les bulletins hebdomadaires de la banque. Il a été dégommé et envoyé en Asie. Voici aussi ce qu’écrivait le « sage d’Omaha », l’homme le plus riche au monde, Warren Buffet, le 21 février 2003, à propos des produits financiers dérivés, alors en plein essor : « Le génie du dérivatif est maintenant hors de sa bouteille et ces instruments vont certainement se multiplier en variété et en nombre jusqu’à ce que des événements démontrent leur toxicité. De notre point de vue, ces produits dérivés sont des armes de destructions massives qui impliquent un danger, latent maintenant, mais potentiellement fatal » (ma traduction). Dans le sillage de ces avertissements, j’ai fait une recherche et ai écrit un article à cette époque. Je l’ai envoyé à deux de nos grands quotidiens. Le premier ne m’a même pas envoyé un accusé de réception. Lorsque j’ai lu un mois plus tard un papier semblable au mien dans un magazine australien, je suis revenu à la charge en expédiant une copie, question de démontrer que mon propos et mes chiffres n’étaient pas farfelus. Résultat : niet, aucune réponse. À l’autre quotidien on m’a par contre signifié que mon article allait à l’encontre de l’optimisme affiché par le chroniqueur en chef de la section « affaires » et que ça ne lui plairait pas…

Passons! Le signal le plus éclatant est intervenu en août 2007 avec une première secousse boursière qui a démarré en Asie, avec pour épicentre les obligations hypothécaires à risque dites « subprimes », cadeau de Wall Street et de la City, respectivement les deux principaux pôles financiers internationaux, l’un à New-York et l’autre à Londres. Le choc s’est répandu dans toutes les places boursières. Mais la politique du laissez-faire, de l’autorégulation par le sacro-saint « libre marché » l’a encore emporté. En février dernier, un économiste de réputation internationale et ancien conseiller au Conseil du Trésor américain, Nouriel Roubini, a écrit une analyse intitulée « The Rising Risk of a Systemic Financial Meltdown: The Twelve Steps to Financial Disaster ». Médias et chroniqueurs en ont fait leurs gorges chaudes. Les douze étapes vers un désastre ont été franchies en sept mois,  y compris sa prédiction que disparaîtraient comme institutions indépendantes  les cinq grandes banques d’investissement américaines, orgueil de Wall Street : Lehman Brothers, Bear Stearns, Merill Lynch, Goldman Sachs, Morgan Stanley. Deux ont déclaré faillite, la troisième vendue à rabais à une banque tandis que les deux dernières se sont transformées en banque donc sous le coup de la réglementation bancaire.** Récemment Roubini a ajouté une treizième étape : la chute des sociétés de couverture, les « Hedge Funds ». Nous sommes dans cette spirale, dans l’œil du cyclone, un trou noir tellement tout est aspiré vers le bas.

Il y a des milliers de sociétés de couverture à travers le monde, majoritairement américaines et britanniques.  Plusieurs sont ou étaient des filiales à part entière de banques, de banques d’investissement, cousines lointaines ou indépendantes. Mais toutes ces institutions sont reliées au marché des produits dérivés soit comme vendeurs, acheteurs, prêteurs, débiteurs  ou intermédiaires. De multiples produits dérivés existent, cuisinés avec complexité; un mélange de farines tamisées de prêts hypothécaires, de prêts commerciaux, de comptes sur cartes de crédit, de prêts automobiles ou étudiants, le tout bien cuit, découpé en tranches et propulsé sur les marchés obligataires internationaux. Un marché tellement spéculatif et complexe que banquiers et courtiers ont développé des algorithmes pour saisir à la volée une pointe du gâteau et la revendre avec profit. La meilleure image que je puisse trouver, c’est celle de la vente pyramidale qui, comme on le sait, n’enrichit qu’une infime poignée. Pour que chacun y prenne son profit au départ, il a fallu gonfler la valeur du produit dérivé, le refiler rapidement à un autre sous le couvert d’une assurance prise auprès d’un tiers. La revente quasi instantanée du produit avec les cours électroniques a produit une escalade de transactions afin d’une part engranger des profits rapides, et de l’autre, refiler la responsabilité à un tiers porteur sans que rien n’apparaissent aux livres.

Par définition, un produit dérivé n’a comme valeur que celle dérivée d’un autre produit. Au départ il y a eu un conflit d’intérêt pour ne pas parler de malfaisance. Les firmes de cotation telles que Moody’s et Standard & Poor’s ont étiqueté ces produits avec une cote maximum «  AAA ». Auparavant ces mêmes firmes étaient payées par les acheteurs d’obligations qui voulaient avoir une expertise indépendante sur la valeur du produit avant achat.  Mais avec la décennie de dérèglementation, ce sont les vendeurs qui paient ces firmes pour une cote de crédit. C’est comme si vous achetiez une maison en se fiant sur une inspection réalisée par le courtier du vendeur. De plus, ce marché n’est aucunement réglementé et a permis d’instaurer ce qu’on appelle un « shadow banking », des échanges dans l’ombre, des transactions sous le comptoir sans même un répertoire central. Personne, banquiers inclus, ne sait qui détient l’assurance, s’il y en a une,  et qui ultimement est responsable si le produit en bout de course dégringole avec la faillite d’une société. C’est l’effet domino actuel. Nul ne veut d’un produit virtuel dévalué quelquefois de plus de 90% à cause de la chute immobilière, des faillites personnelles comme celles de banques ou de sociétés de couvertures qui se sont plantées. Les banques ne veulent même plus exécuter des prêts entre elles parce qu’elles ne savent plus qui est solvable, qui l’est en dernier recours ou à qui le tour de se prémunir d’une déclaration de mise en faillite. Le train ne s’est pas arrêté en gare, il a déraillé et frappé le mur. Les wagons n’ont pas finis de s’empiler et le fracas est assourdissant jusqu’aux parquets boursiers. 

Crise du crédit ou crise de la dette?

Le plus incroyable dans cette histoire, c’est que le gouvernement américain, la Réserve fédérale, la Fed comme on l’appelle, et Wall Street n’ont cessé  tout au long des étapes de cette crise de clamer que l’économie était forte et rebondirait tout en évitant de prononcer le mot tabou : récession.  Belle façon de gagner du temps à l’approche des élections et ne pas nuire à la campagne de leur candidat favori, le républicain John McCain. Tous, y compris les médias officiels, ont parlé d’une crise du crédit qui s’estomperait avec le retour d’une confiance alimentée à coup de centaines de milliards de dollars prêtés aux banques. Le problème n’est pas tant une crise du crédit qu’une crise d’endettement à un niveau phénoménal, unique dans l’histoire du capitalisme. Le hors d’œuvre de chiffres au début de l’article passe mal? Amer? Passons au plat principal. Ce n’était qu’un avant-goût.

Pour commencer une précision sur ce déficit américain de 10,5 trillions de dollars. Si on calcule les engagements financiers du gouvernement fédéral,  les « liabilities », soins de santé, prestations sociales, pensions etc., le déficit s’élève, selon le vérificateur des comptes, à plus de 50 trillions de dollars. Tous les États américains sont également fortement endettés et même quelques uns sur le bord de la banqueroute avec la crise actuelle, dont la Californie considérée comme la douzième économie mondiale. Comment en est-on arrivé là? Depuis des décennies les américains consomment plus qu’ils ne produisent. Avec la délocalisation de millions d’emplois vers l’Asie,  le secteur manufacturier ne représente même plus 20% de l’économie. En fait 72% de la croissance économique dépend de la consommation. Naturellement la balance commerciale est dans le rouge, à hauteur de 700 milliards par année. Le problème est d’autant plus grave que le taux d’épargne des ménages est à zéro! Autrement dit tant le gouvernement que les consommateurs ont vécu grâce à un endettement excessif. Le gouvernement en émettant des obligations pour financer ses déficits, commercial et budgétaire. Les consommateurs en utilisant la carte de crédit et en misant sur la hausse du prix de leurs maisons avec la bulle immobilière pour augmenter leurs marges de crédit et acheter des articles produits à l’extérieur, notamment en Chine.  Le PDG d’une grande banque américaine qui a été viré récemment disait que tant la musique joue il faut danser. La musique s’est tue mais ce n’est pas une seule chaise qui manque. Il n’y en a plus et ça s’appelle tomber sur son cul.

Cette situation pourrait être moins chaotique si cette spirale de dettes n’avait pas entrainé dans ses vortex une spéculation immobilière, mobilière et financière gigantesque. Le marché des hypothèques à risque (subprimes) était évalué à environ 12 trillions de dollars. Avec son éclatement le Fonds monétaire international (FMI) évaluait il y a six mois à près d’un trillion de dollars les pertes que subiraient les banques. Aujourd’hui ça se rapproche davantage à deux trillions. Pourtant plus de trois trillions de dollars ont été injectés dans des plans de sauvetage. Et les marchés boursiers ne cessent d’imploser. Plus de dix trillions de dollars se sont évaporés en un seul mois! Qu’est-ce qui ne va pas?

Rien ne va plus! L’expression tient la route face à une économie de casino. Dans les produits dérivés il y a aussi ceux avec des assurances collatérales, les « Credit Default Swap Market » également appelé « CDS ». Ce sont aussi des obligations cuisinées, étiquetées de cotes élevés, dites sécuritaires, qui comprennent des obligations commerciales, désignées  sous le vocable de « papiers commerciaux ». Prenons les obligations de la plus grande société américaine, la General Motors. La société est en quasi faillite et ses obligations sont maintenant décotées au niveau des «Junk Bonds ». Il y a un dicton américain qui affirme que lorsque la General Motors va, ainsi va l’économie…Le montant total des CDS sur les marchés était estimé à la fin de 2007 à…faites vos paris… 62 trillions de dollars. Ces produits ont représenté le pain et le beurre des sociétés de couvertures (Hedge Fund) et des banques d’investissement dans la dernière décennie. Leur voracité et cupidité étant sans limite, elles voulaient le beurre et l’argent du beurre. Ces mêmes sociétés ont spéculé sur les marchés monétaires pour avoir un meilleur effet de levier (leverage). Le taux d’intérêts étant inférieur à 1% au Japon, il suffisait d’emprunter des Yen, de les placer dans un autre pays ayant un taux plus élevé, comme en Islande, ce qu’on appelle « Carry Trade », de faire un profit en cliquant du doigt sur l’ordinateur, de racheter d’autres CDS et de les écouler à nouveau. Mais la musique s’est arrêtée, et le retour de son est particulièrement aigu : le Yen a augmenté face aux autres monnaies et le coût des remboursements en Yen par ricochet. Bref les banques et les sociétés de couvertures, souvent des filiales, perdent sur les deux tableaux. Le marché boursier anticipe donc un trou sans fin avec la chute des Hedge Fund. Un petit dessert avec ça? Selon la Bank of International Settlements, il y avait en décembre 2007 pour quelque 600 trillions de dollars d’obligations de toutes sortes répandus dans le monde, souvent des « OTC » (Over The Counter) appelés aussi « Dark Pool » en l’absence de toute transparence. La richesse crée annuellement par toutes les économies du monde est d’environ 40 trillions de dollars par année. Tout un effet de levier…

Les renards dans le poulailler

L’endettement, la cupidité, les conflits d’intérêts et la malfaisance ont engendré cette crise. Mais l’enfantement n’aurait pu avoir lieu si au préalable on ne s’était pas débarrassé des garde-fous érigés aux lendemains de la Grande dépression des années 30 pour éviter un fiasco bancaire du même ordre. Le lobby des banquiers, appuyé par des politiciens, apôtres du néo-libéralisme et de la déréglementation à tous crins, a triomphé fin des années 90 et le Glass-Steagall Act, une loi réglementant les banques afin d’éviter une autre crise spéculative, a été aboli. Dans la même foulée, on a refusé de réglementer les Hedge Funds. Le résultat on le connait. Mais les renards se sont empiffrés. En un an  60 milliards de dollars ont été versés en bonus et gratifications de toutes sortes pour les cadres et les dirigeants de ces institutions financières alors même qu’ils plongeaient leurs banques dans le rouge. Avec l’appuie de leurs amis républicains ils ont obtenu une exonération d’impôts sur ces bonus et placé leurs fortunes dans les paradis  fiscaux. Parmi eux Henry Paulson, ex-président de la Goldman & Sachs, qui s’est vu octroyé presqu’un demi-milliard en paie de séparation et bonus avant de prendre la tête du Secrétariat au Trésor en 2006 à l’instigation du président Bush. Il orchestre aujourd’hui les plans de sauvetage de Wall Street avec l’argent des citoyens. 

Le Petit Robert défini comme suit une oligarchie : « Régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes, à une classe restreinte et privilégiée ». Doté d’une exonération légale et totale face à d’éventuelles poursuites, il a obtenu avec l’aide du président Bush 700 milliards de dollars du Sénat afin d’éponger les pertes des banques en troquant leurs gâteaux pourrissants pour des Bons du trésor. Puis il a changé d’idée devant une colère populaire manifeste, élections obligent, et s’est rangé du côté des économistes qui lui faisaient remarquer qu’en « Économie 101 » on apprend qu’il faut recapitaliser les banques pour équilibrer le ratio entre la dette et l’avoir. De plus, rien ne garantissait que les banquiers n’essaient de se débarrasser de leurs poubelles à fort prix sur le dos des contribuables. Les milliards servent maintenant à acheter des actions privilégiées des banques et à accorder des prêts aux entreprises manufacturières qui n’ont plus de fonds de roulement parce que les banques retiennent leurs prêts ou alors parce que ces firmes sont en quasi faillite comme General Motors et Chrysler. La Réserve fédérale américaine, une organisation soit dit en passant privée, dont les banques représentent les seuls actionnaires, emprunte de son côté des Bons du trésor pour les refiler aux banques et même aux Fonds mutuel dont 450 milliards juste la semaine dernière. Les autres banques centrales ont emboîté le pas mais malgré une valse de trillions de dollars le marché boursier appréhende toujours un tsunami.

Et puisqu’il est question d’oligarchie, je ne peux passer sous silence le discours que Tony Blair a livré dernièrement à Montréal. Nos courageux médias l’ont présenté uniquement comme conférencier à titre d’ex-premier ministre britannique. Ils ont juste omis de préciser qu’il est actuellement sur la liste de paie de la banque JP Morgan avec la fonction de conseiller principal. Et voilà que ce nouvel agent de Wall Street vient nous sermonner sur l’importance de ne pas trop réglementer les banques au vu de la crise financière actuelle dont «la cause immédiate a été l'effondrement des subprimes, mais la cause fondamentale est l'intégration de l’économique mondiale ». Ceci dit en toute objectivité assurément! La Grande-Bretagne vit une crise identique à celle des États-Unis parce que la City a agit en collusion avec Wall Street pour la dérèglementation, la création de produits dérivés et leur diffusion planétaire. Et qui était alors premier ministre? Vous l’avez deviné. Pour qu’il y ait eu effondrement il a d’abord fallu une émission de ces « subprimes » sous des  étiquettes fallacieuse. Élémentaire Watson! Il a d’ailleurs perdu son poste parce que perçu comme une marionnette de Bush en appuyant la guerre en Irak. Shocking!

Perdants, politique et mondialisation

Lorsqu’on imprime et écoule sur les marchés des Bons du trésor, la dette de l’État augmente car il faut payer des intérêts aux détenteurs. La facture va directement au budget fédéral, section dépenses, et ultimement ce sont les payeurs de taxe qui écopent. Si actuellement la colonne des dépenses enfle avec les intérêts à payer, celle des revenus se dégonfle. L’activité économique chute, le chômage augmente, donc moins d’impôts sur le revenu des particuliers et des entreprises.  Idem avec les faillites personnelles. À ce propos les propriétés en faillites ont augmenté de 71% en août, et l’immobilier est encore loin d’un plancher pour rebondir. Le crash boursier crée plus de pertes de capital que de gains imposables. Durant les quinze derniers mois les fonds de pension ont perdu plus de 2 trillions de dollars, 20% de leurs portefeuilles. Et c’est le Trésor public aux États-Unis qui s’en porte garant en bout de route pour ne pas dire déroute. Il y a une nouvelle expression ironique à la mode avec les plans de sauvetage : on privatise les profits et socialise les pertes. Rien d’étonnant puisque ce sont les mêmes banquiers incompétents et responsables du gâchis qui réclament et gèrent les milliards des contribuables. Question piège : comment peut-on régler pareille crise d’endettement par une dette encore plus astronomique?

La mondialisation s’est faite sous la férule du néo-libéralisme et de la spéculation à outrance.Ce sont les États-Unis et les pays industrialisés qui en ont le plus profité. Les pays  émergents comme le Brésil ou les pays de l’Europe de l’Est par exemple ont réussi à tirer leurs épingles du jeu. Retour du pendule oblige, la crise actuelle les  frappe plus durement et les conséquences peuvent être dramatiques. L’Islande est en faillite. Les pays Baltes, la Hongrie, l’Ukraine et le Pakistan crient au secours faute de liquidité tout comme d’ailleurs la Corée du Sud. L’Argentine, dans un geste suicidaire, vient de s’approprier les fonds de pension pour rencontrer les échéances de sa dette extérieure. Les émeutes vont reprendre. Il y a donc des feux qui couvent partout sur la planète et qui peuvent embraser ce qui reste du système financier. Tout cela ne se fera pas sans conséquences politiques. Qu’on pense à l’Ukraine et la Géorgie coincée entre l’expansionnisme américain et le nationalisme russe. Le Pakistan, détenteur de l’arme atomique, fissuré par un islamisme radical et tenu à bout de bras par une dictature militaire financée par les États-Unis. Une guerre en Irak et en Afghanistan couteuse en vie humaine et ruineuse financièrement sans aucune perspective de victoire militaire. Une Corée du Nord qui revient sur ses intentions concernant un désarmement nucléaire. Et je n’ai même pas parlé des pays sous-développés, les mondialisés.

En conclusion je vais tenter de répondre à une question qu’on me pose fréquemment : qu’est-ce qui nous attend? D’abord la Terre n’arrêtera pas de tourner et tous les cycles économiques ont une fin. Le présent chaos financier est égal sinon pire qu’en 1929. Cependant il y a davantage de pays industrialisés et de meilleures connaissances pour amortir le choc et on ne fera pas l’erreur, du moins je l’espère, de retomber dans des barrières tarifaires pour protéger ses marchés; ce qui avait ajouté de l’huile sur le feu à cette époque. Cependant il y a deux bulles qui ont éclaté en même temps : immobilière et financière. Quand il s’agit de l’immobilier un redressement s’étend sur une longue période puisque c’est au cœur de l’épargne de toute une vie des gens, de la classe moyenne. Le Japon a connu le même tandem destructeur fin des années 80 et il lui a fallu quinze ans pour se rétablir. Il vient de replonger en récession qui, de toute façon, est d’ores et déjà mondiale. À imprimer et inonder les marchés de billets verts, l’inflation reviendra au galop malgré une stagnation : une stagflation. La carte géopolitique sera redessinée. Il n’y a pas de quoi se pendre au grenier mais la danse est terminée. Il faudra questionner les oligarchies de ce monde. Repenser la gouvernance à bien des niveaux. Revoir notre façon de vivre. Il faut aussi regarder dans notre propre cour.

 

*  Un trillion = 1 000 milliards. En chiffre absolu le déficit américain est de 
      10 524 112 985 802.87 $

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