Avez-vous déjà campé? Je suis sûr, que oui, ne serait-ce qu’une fois… Mais avez-vous eu la piqûre? Non non, pas la piqûre de moustique, de mouche noire, de taon, de frappe à bord, de mouche à chevreuil, ou de brûlot. Ça c’est le genre de « désagrément » qui fait que certains préfèrent décamper au lieu de camper. Ce que je veux savoir, c’est si vous avez eu la piqûre du camping? Eh bien moi OUI! Comme près d’un demi-million de québécois d’ailleurs. Car nous sommes au Québec, contre toute attente, de plus en plus d’adeptes. De 1995 à aujourd’hui, non seulement le nombre d’emplacements de camping est passé de 81,000 à plus de 108,000 sites, mais leur taux d’occupation aussi a grimpé de 63 à 65 %. Si vous pensiez que le camping était « OUT », détrompez-vous. De plus en plus de Québécois se laissent « tenter », mais peut-être pas comme on l’aurait imaginé à l’époque. Car le camping n’est plus aussi bucolique qu’il ne l’était, il rime aujourd’hui avec confort. Mais rime-t-il aussi avec respect de l’environnement?
Dans les années 70 au Camp Vive La Joie à St-Modeste dans mon beau Bas St-Laurent, on campait sur la dure, c'est-à-dire sans matelas et directement sur des planches… Et il ne fallait surtout pas toucher à la toile de notre tipi lorsqu’il pleuvait, sinon, il pleuvait non seulement dehors, mais aussi à l’intérieur de la tente. Bouahhhh! J’imagine que c’est pour ça que sur la photo ci-contre j’ai ce regard hébété. Pour le flo ultra gâté que j’étais à l‘époque, c’était carrément une épreuve digne d’un vrai coureur des bois… (Humm!) Mais désormais on ne sacrifie plus rien au confort; tente ultra légère se montant facilement en quelques secondes, matelas autogonflant, sac de couchage confortable adapté aux quatre saisons, batterie de cuisine compacte, etc.… Le kit du parfait petit campeur est désormais techniquement pas mal plus performant.
Mais la vraie révolution (VR) n’est pas sous la tente. Depuis quelques années, les véritables rois (VR) du « camping » sont désormais justement les (VR), ou si vous préférez, les véhicules récréatifs. On estime, tenez-vous bien à votre chaise longue, qu’en 2010, 14 % des foyers canadiens possèdent soit une roulotte, une tante roulotte, ou ce qu’on appelle en cambodgien un « fifth wheel » Or ce sont justement ces (VR) qui sont responsables de l’actuel BOUM que connait le camping. Depuis 2005 dans nos 850 terrains de camping, le nombre d’emplacements occupés par les campeurs saisonniers est en forte hausse alors que l’achalandage des campeurs de passages est descendu aussi vite qu’une petite bière autour d’un feu de camp. (https://www.tourisme.gouv.qc.ca/publications/media/document/etudes-statistiques/Camping-2005-2009.pdf). L’achalandage des campeurs sous tentes a en effet décru de 34 % alors que celui des utilisateurs de VR a augmenté lui de 6,9 %. Seulement dans réseau de la Sépaq et de ses 8000 sites de camping, eh bien 3400 sites sont désormais réservés aux VR. De même, plusieurs terrains de camping privés qui accueillaient des campeurs de passage ont carrément changé de vocation pour n’accueillir que des clients saisonniers, justement des VR.
Résultat? On a vraiment plus les terrains de camping qu’on avait, non d’un marshmallow… Outre l’eau potable, le gaz et l’électricité (mais ça vous étiez au courant), vous seriez surpris de ce qu’on y retrouve maintenant. En utilisant le fort intéressant moteur de recherche de Camping-Québec qui regroupe 581 des quelque 850 campings du Québec (https://www.campingquebec.com/trouver-camping/camping-criteres.html) j’ai déniché 10 campings offrant les services d’un coiffeur, 12 proposant une salle de musculation, 15 de la massothérapie, même que 60 terrains de camping peuvent compter sur une bibliothèque. On a du se dire « Si on ne peut déménager la campagne à la ville, convions la ville à la campagne ». C’est dans ce contexte que plus d’une centaine de terrains de camping offrent aussi des connexions internet, dans au moins un bâtiment sinon sur les sites mêmes comme au camping Beau-Lieu à Sherbrooke. Il faut ce qu’il faut semble-t-il, pour que Sarah-Mégane ou Thomas-Alexis puissent survivre à la nature en nourrissant leur dépendance à Facebook. Non, mais quant à y être, quand y aura-t-il au Québec, comme aux États-Unis, des emplacements de camping câblés, pour que les campeurs, dans le confort du salon de leur motorisé, ne ratent surtout pas Oprah à la télé à 16 h. Oups… On me dit que certains gros VR possède une antenne satellite… Pour le dépaysement, le bain de plein air et le retour aux sources, on repassera.
N’empêche qu’on a aussi apporté de la maison au camping, et c’est plus qu’heureux, certaines bonnes pratiques environnementales. J’ai ainsi appris que 225 campings (presque la moitié des terrains de Camping Québec) font maintenant du recyclage, par exemple au Camping Annie à Métis-sur-Mer. C’est quand même extraordinaire, il y a donc désormais plus de campings qui recyclent que de campings qui célèbrent le Noël du campeur… BRAVO ! Il était temps… Si les bouteilles et canettes consignées sont majoritairement ramassées par les petits futés en raison de leur immédiate valeur de retour, j’ai trop souvent vu des montagnes de bouteilles de vin et de plastique prendre le chemin des poubelles… 29 campings font même désormais du compostage, comme au camping Du Pont Couvert à Waterville dans les Cantons de l'Est. 29?! Je suis surpris, mais joyeusement surpris. Il y en a même 20 qui ont eu la nourrissante idée d’aménager un potager communautaire, comme au camping Des Appalaches à Gaspé… Évidemment, le gros bon sens vert n’a pas encore gagné tous nos campings, mais surveillons ça de près. Ce n’est peut être pas la préoccupation de mon oncle Roger et de ma tante roulotte, mais si de plus en plus de campeurs le demandent et insistent, de plus en plus de propriétaires de camping n’auront d’autres choix que de passer à l’action, pour réduire leur empreinte écologique.
Mais revenons à nos moutons, ou devrait-on plutôt dire à nos dragons, en parlant des VR… S’il est tout à fait légal et très « tendance » de transporter au camping, tout le confort et le divertissement de la maison, cela n’est pas sans avoir des conséquences qui pèsent lourd dans la balance. Parlons-en… Certains VR, ceux de catégorie A notamment (https://www.crva.ca/french/rvtypes.asp) sont de véritables maisons sur roues. Dotées d’une cuisine, d’un salon, d’une salle de bain, laveuse-sécheuse et jusqu’à six couchettes, ces VR au look d’autocar de luxe peuvent mesurer jusqu’à 41 pieds de long et peser jusqu'à 50,000 livres soit 25 tonnes (c’est près de 18 fois le poids de ma Prius). Pas surprenant que leur « performance » en ce qui a trait à la consommation d’essence soit justement aussi subtile que celle d’un dragon en rut dans le ballet Casse Noisette. Je sais je sais, certains me diront qu’il y a des VR plus économes d’essence, comme les VR motorisés de classe B de type Safari Condo, c’est vrai, heureusement d’ailleurs. N’empêche qu’on s’attend a ce qu’il consomme dans les meilleurs cas 2 fois plus qu’une simple automobile, ou pire jusqu'à 4 fois plus dans le cas des grands motorisés de classe A, qui demandent jusqu’à 32 litres d’essence pour parcourir 100km. En terme plus folklorique, mon père vous aurait dit qu’ils font un gros 7 milles au gallon… Gageons d’ailleurs que les constructeurs de VR continueront de se préoccuper de plus en plus du poids de leur bébé, d’aérodynamisme et donc d’économie d’essence…
J’en jasais d’ailleurs avec le fier proprio d’une splendide autocaravane rencontrée lors d’un séjour en Nouvelle-Écosse; « Ça doit consommer ça monsieur? » « Bah! » j’ai les moyen$, je peux me le permettre… » qu’il m’a répondu. Non, mais, il était bien chanceux d’avoir les moyens, d’autant plus qu’il ne roulait peut-être pas 20,000 km par année, mais il aurait du se rappeler que la consommation d’essence n’est pas qu’une histoire de prix… J’aurais du en effet lui demander plutôt « Ca doit consommer ET POLLUER en titi, votre belle grande autocaravane??? » Car, et retenez bien l’équation climatique suivante : Chaque litre d’essence consommée par un véhicule, quel qu’il soit, dégage dans l’atmosphère, 2,3 kilogrammes de CO2, soit plus de 5 livres de gaz à effet de serre… Comment ça me direz-vous, sceptique? Un litre d’essence ça ne pèse pas 5 livres?! C’est vrai… Mais souvenez-vous de ce qui suit : ( ne serait-ce que pour épater la galerie) La combustion de l’essence se fait en présence d’air. Or l’air est composé d’azote (N) à 78% et d’oxygène (O) à 21 %. Jusque-là ça va? Voila pourquoi, lorsqu’un véhicule brule un atome carbone (C), s’y greffent 2 atomes d'oxygène (O2) ce qui augmente substantiellement la quantité et de ce fait, le poids des gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère. Donc, chaque litre de combustible compte, et vraiment pas seulement lorsque vient le temps de le payer. OK c’est fini pour la chimie!!! On est en vacances après tout…
On est en vacances, mais ce n’est pas une raison pour ne pas camper, de façon plus écolo. Mais au fait, ce serait quoi un camping vert? Quand j’étais petit gars j’aurais candidement répondu = un camping naturiste, comme au club Loisirs Air Soleil de l’Avenir près de Drummondville? Non, mais quoi? Naturiste me semblait rimer avec nature… Bon ! J’ai entre-temps compris que de camper nu, faire un feu de camp nu, ou de jouer au tennis nu, n’était pas essentiellement une question écologique… Mais au fait comment trouver un camping qui à véritablement l’écologie à cœur? Malheureusement, il n’existe pas chez nous comme c’est le cas en Europe, de certification indépendante comme les Clés vertes (https://www.laclefverte.org) à laquelle adhèrent certains terrains de camping…
Mais Camping Québec a la ferme intention de faire bouger les choses bientôt, d’autant plus que 2012 marquera le 50e anniversaire de l’association des terrains de camping du Québec. Que fera-t-on au juste? Peut-être nos campings adhéreront-ils à notre propre programme canadien des clés vertes, ou au programme québécois Réservert ??? On ne le sait pas… Peut-être s’ajoutera-t-il simplement une petite tente ou une petite roulotte verte, à l’actuel classement des campings du Conseil de Développement du Camping au Québec (de zéro à 5 étoiles) ??? (https://www.guidecamping.ca/cdcq/prog_francais_2010.pdf). Cela pourrait alors vous assurer que non seulement on y fait du recyclage, mais qu’on y emploi par exemple du papier de toilette fait de fibres recyclées post-consommation, qu’on y fait des efforts pour économiser l’eau et l’électricité, ou qu’on y a adopté une politique d’achats responsables favorisant l’achat local et équitable, et plus encore. Seul l’avenir nous le dira. Entre temps, dès cet été, Camping Québec s’est associé avec Canards illimités, pour donner une formation à quelques exploitants de terrains de camping, pour mieux conserver nos milieux humides, et vivre en harmonie avec les petites bêtes sauvages qui peuplent nos terrains de camping. Vous pouvez aussi rechercher les terrains qui adhèrent au programme canadien des campings « Eco-l’eau » (https://www.ec.gc.ca/EnviroZine/french/issues/12/feature2_f.cfm). Cela signifie qu’on y porte une attention particulière aux produits de nettoyage utilisés pour traiter les déchets des réservoirs d’eaux usées des VR. On y interdira souvent le formaldéhyde et l'ammoniac, très nocifs pour les fosses septiques, et on y privilégiera des produits biologiques homologués par le programme Choix environnemental.
Pas encore convaincu que du camping, ça peut être plus écolo ? Alors, loué soit le camping! Je le dis haut et fort parce qu’on peut désormais louer l’équipement nécessaire plutôt que de l’acheter? Au fait me direz-vous en quoi c’est écologique de louer plutôt que d’acheter? Pensez-y bien. Si un seul « kit » de camping peut ainsi servir à mettons disons 72 ou 236 familles, et je suis ici conservateur, on aura pas à en manufacturer inutilement. Cela se traduira par moins des matières premières, d’énergie, d’emballage, de transport, bref moins de ressources monopolisées et moins de pollution, tout en permettant a autant de monde de profiter de l’activité. Bel exemple de réduction à la source, sans empêcher personne de camper. Voila sans doute pourquoi 14 des 23 parcs nationaux du Québec offrent un forfait « prêt-à-camper » qui comprend la tente et le site, mais aussi frigo, vaisselle, réchaud, éclairage, table de pique-nique et chaises. Plusieurs autres campings privés offrent aussi le « prêt à camper » en tente et même en roulotte… C’est le cas au Camping « Lac du Repos » à St-Jean Baptiste en Montérégie, et au camping « Oasis » à Ste-Cécile de Milton. Pour trouver les campings qui offrent la location, ou tant qu’à y être, ceux qui font aussi du recyclage ou du compostage (https://www.campingquebec.com/trouver-camping/camping-criteres.html). Bon camping!