Il y a deux ans j’ai eu envie de vous en parler, mais je me suis tu, parce l’initiative n’avait lieu qu’à Montréal. L’an dernier j’ai de nouveau été titillé par l’envie de vous en jaser, mais je me suis retenu, encore là parce ce l’événement n’avait lieu qu’à Montréal et à Québec. Non, mais, il y a quand même 1113 autres municipalités au Québec… Mais en cette année 2010? « TiDeLiDi DeLiDou ! » J’ai décidé d’y consacrer ma chronique, parce que l’événement qui aura lieu du 10 mars au 30 avril, se tiendra pour la première fois s.v.p. à l’échelle de tout le Québec. Mais au fait, savez-vous de quel événement il est question? Oui perspicaces amis terriens, il est question du Défi Climat! (https://www.deficlimat.qc.ca/deficlimat2010) La plus grande campagne de mobilisation populaire jamais vue au Québec, pour lutter contre les changements climatiques.
L’an dernier, uniquement sur l’île de Montréal et dans la région de Québec, le Défi Climat a réussi un véritable tour de force. 340,000 personnes ont en effet posé des GEStes concrets. Elles se sont en effet engagées à modifier concrètement leurs habitudes de vie et de déplacement, pour réduire justement leurs émissions de Gaz à effet de serre (GES), de là, l’expression GEStes. Imaginez… c’est un peu comme si toute la population de Laval, la 3e plus grosse ville du Québec, avait agi positivement comme un essaim d’abeilles… Et pis après me direz-vous? Ils ont eu quoi comme réel impact, ces « écomantras » qui nous incitent par exemple (1) à mettre toutes les matières recyclables dans le bac de récupération (2) à ne pas faire tourner le moteur de notre véhicule inutilement plus de 10 secondes, ou (3) à abaisser la température de notre demeure de 3 °C la nuit? Eh bien c’est là, la beauté et l’efficacité des petites actions, qui pourraient à tort être considérées à première vue comme un peu « gnochonnes ». Ces petits GEStes additionnés les uns aux autres ont permis l’an dernier d’éviter que soient produites dans l’atmosphère 60,000 tonnes de gaz à effet de serre. Hein? Entre vous et moi et le tuyau d’échappement de la Chevette 82 de M. Gariepy, vous ne savez pas si c’est beaucoup ou si c’est peu ? Vous ignorez si c’est ce que produit le dynamique club de Quad Méga Roues de Joliette ou bien toute la population du Turkménistan. OK! Sachez que 60,000 tonnes de GES en moins chaque année, c’est tout comme si on avait retiré plus de 16 000 automobiles de la circulation. WOW !
Le plus étonnant, vous serez sans doute d’accord avec moi, c’est de savoir avec quels GEStes au juste on fait le plus de chemin, et surtout, moins de GES. Alors en attendant de voir quelles nouvelles actions on nous proposera dès le 10 mars prochain lors du lancement du Défi Climat 2010, revenons à mes exemples de tout à l’heure… Si vous déposez dans le bac de récupération toutes les matières recyclables acceptées, ce que vous faites probablement déjà (?) ça vous aura permis de ne pas émettre 30 kg de CO2/an. C’est déjà ça de gagné ! Inscrivez-ca dans votre cahier de réalisations personnelles, ou ajoutez-vous un petit ange autocollant ! Vous évitez de faire tourner le moteur de votre bazou inutilement plus de 10 secondes? C’est encore mieux, avec un significatif 130 kg de CO2 non émis chaque année ! (detail_chronique.php?ID=361827) Mieux ? Vous abaissez, la nuit venue, la température de votre condo, loft, bungalow, sous-sol, hutte, tipi ou grotte secrète d’un petit 3°C ? Ça aura encore plus d’impact, puisque cela représente un beau gros 190 kg de CO2/an en moins dans l’atmosphère. Mais ce n’est qu’un début. Certains GEStes sont encore plus porteurs et surtout encore plus payants. Et je me dis que si vous le faites déjà en tout ou en partie, vous devriez participez vous-aussi au Défi Climat.
Faites-vous des efforts pour acheter prioritairement des aliments du Québec? Bravo et merci! Vous contribuez ici à la création et surtout le maintien ici, des emplois pour votre nièce Éloïse, votre ami Jhanavansa, ou votre mystérieuse voisine Marie-Isabel, mais plus encore… En achetant localement et en évitant donc que soient transportés sur de longues distances vos biens de consommation, vous contribuez ainsi à diminuer de 340 kg de CO2/an vos émissions de GES. Ah oui, en passant… Vous avez probablement vu et entendu comme moi, le reportage de TVA qui alléguait que la production des insipides fraises en Californie produisait plus de GES là-bas que leur transport vers nous, et donc que le transport en général, n’avait pas tant d’impact qu’on le disait? Eh bien c’est peut-être vrai dans ce cas bien précis, mais méfions-nous des généralisations… Ça m’est apparu d’autant plus douteux que l’ « étude » citée, provenait de l’Institut Économique de Montréal, des experts certes, mais en dérèglementation, pas en développement durable. On appelle ça une belle tentative de justification néolibérale, venant de ceux qui prônent le libre marché, pour qu’en fin de compte le commerce coute moins cher. Pas très crédible! Mieux aurait valu vérifier auprès des réels experts du CIRAIG (https://www.ciraig.org), d’ELLIPSOS (https://www.ellipsos.ca) ou de VENTIX (https://www.ventix.ca) qui eux s’y connaissent vraiment en matière d’Analyse du Cycle de vie. Lorsqu’on veut connaître l’impact environnemental réel d’un bien de consommation, on doit non seulement analyser toutes les étapes de sa « fabrication » et de son utilisation, mais aussi l’impact de ces étapes non seulement sur la production de GES, mais, la santé des écosystèmes, la santé humaine et les ressources naturelles, et j’ajouterais la création locale d’emplois. Rappelez-vous que 38,5 % des GES au Québec sont bel et bien produits par les transports. Or si des milliers de camions dix-roues n’ont pas à rouler 2600 km en moyenne, entre le lointain champ de production et notre assiette, ce sera déjà une réduction à la source plus que significative. Chaque trajet de 2600 km dans un camion lourd diesel dégage en effet 2 730 kg de CO2, l’équivalent de ce que rejette votre voiture dans l’atmosphère en seulement 6 mois.
Mais revenons à ces petits GEStes payants pour réduire nos GES… Et donc pour marquer des points lors du Défi Climat. Le truc qui en a surpris plus d’un et d’une l’an dernier et c’est toujours vrai, est sans conteste de manger 4 repas de boeuf de moins par semaine. Pareille mesure pourrait vous permettre de ne pas contribuer à l’émission de 416 kg de CO2/an. (Source : Nature Québec) Les déjections d’un boeuf, de même que les bruyants rôts de ce sympathique ruminant, équivalent en effet à 600 litres de méthane par jour, un puissant gaz à effet de serre. C’est autant de GES quotidiennement, qu’une voiture qui roule 40 km. (detail_chronique.php?ID=361699)
Mais le plus efficace des GEStes à poser, toujours sur la route de la réduction des GES, c’est d’y aller mollo au volant de votre Taco (que ce soit une Volvo ou une vieille Toronado)… rapporte le CAA Québec. Juste en roulant à 100km/h plutôt qu’à 120km, juste en vous assurant de la bonne pression de vos pneus, ou en apprenant à vous passer de votre air climatisé, vous pourriez réduire de presque une tonne (990 kg de CO2/an) vos émissions de GES. En ville, le climatiseur peut à lui seul, faire augmenter votre consommation d’essence et de ce fait les émissions de CO2, de plus de 20 %.
J’ai hâte au lancement de la campagne 2010, le 10 mars, car cette année encore, de nouveaux gestes nous seront proposés afin toujours là de réduire notre production de gaz à effet de serre, et notre empreinte climatique. Mais déjà la belle nouveauté cette année, c’est non seulement que le Défi Climat s’étendra à tout le Québec, mais aussi que l’initiative sera proposée à nos écoles. La Fondation Monique Fitz-Back (www.fondationmf.ca) espère mobiliser pour une première fois, au moins 150 écoles et centres de formation professionnelle et d’éducation aux adultes, et rejoindre ainsi 15,000 élèves, du troisième cycle du primaire à la fin du secondaire, et ce pour une bonne raison. Parce que la lutte aux dérèglements climatiques ce n’est pas l’affaire que des adultes. Quand on connait l’impact que peuvent avoir nos écologistes en herbes sur leurs parents, et surtout leur impressionnante insistance, l’initiative risque d’être porteuse de réels changements. Mais ils feront quoi au juste Léa, Rosalie, Samuel et William? Par exemple ? Apporter un lunch zéro déchet … Je sais c’est rarement eux qui préparent leur lunch, mais imaginez s’ils insistent et convainquent leur père ou leur mère d’éviter les pellicules plastiques et les portions individuelles, et de privilégier plutôt une bouteille ou une gourde de même que des ustensiles et contenants réutilisables!? Bel impact aussi, si Laurence, Sarah, Alexis et Gabriel insistent pour marcher, prendre leur bicyclette, ou utiliser les transports collectifs, lorsque vient le temps d’aller à l’école, aux loisirs ou chez les amis. J’ai très hâte de voir combien de kilogrammes de GES ils pourraient ainsi éviter. Ah oui, vous êtes prof ou œuvrez dans une commission scolaire et aimeriez inscrire votre établissement, sachez que vous pourrez compter sur des outils pédagogiques expliquant bien aux élèves, ce que sont les changements climatiques et leurs impacts sur l’environnement, la santé et l’économie. (https://www.deficlimat.qc.ca/deficlimat2010). Ca ne fera que faciliter votre tâche.
Ça vous intéresse ? Que vous soyez employé au Garage Pilote de Causapscal, à l’Hôtel de Ville de Frelighsburg, ou à l’école secondaire L’Escale de Louiseville, il est temps d’inscrire votre entreprise ou votre école, et d’inciter ensuite tout le monde à poser des GEStes qui comptent… Vous pourriez même créer une petite compétition amicale entre les différents départements et services, pour savoir qui de l’équipe des ressources humaines, du service à la clientèle, ou de l’entretien ménager performe le plus… Vous pourriez ainsi faire partie des citoyens responsables veulent rejoindre l’édition 2010 du Défi Climat, et dire « je fais fièrement partie des 600,000 personnes qui y prendront part grâce à la participation de quelque 500 organisations, entreprises et municipalités. Objectif cette année ? 70,000 tonnes de GES en moins. J’ajouterais constructivement que devant l’immobilisme du gouvernement canadien actuel, la beauté du Défi Climat, est de nous faire découvrir ou redécouvrir ce qu’est la véritable politique citoyenne… En prenant ainsi conscience que nos efforts individuels ont un impact réellement significatif dans la lutte aux changements climatiques, on redécouvrira du même coup ce pouvoir concret que nous avons tous de changer le monde, par des petits GEStes, plutôt que d’attendre que les politiciens le fassent à notre place…